Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/489

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaisseaux sont dans le port avec l’infanterie et la cavalerie, il retourne à Ruspina, y établit son camp, et repart avec trente cohortes pour aller chercher des vivres. On jugea, d’après tout cela, que l’intention de César avait été d’aller secrètement à la recherche des vaisseaux de transport qui s’étaient égarés, pour empêcher qu’ils ne vinssent à donner dans la flotte ennemie, et qu’il n’avait pas voulu que les troupes qu’il avait laissées dans les garnisons fussent instruites de son dessein, dans la crainte qu’elles ne se décourageassent en voyant leur petit nombre et la multitude des ennemis.

XII. César n’était encore qu’à trois mille pas de son camp, lorsque ses éclaireurs et ses cavaliers d’avant-garde lui annoncèrent que l’ennemi avait été aperçu à une distance peu éloignée ; en effet, on vit en même temps s’élever une grande poussière. César fit venir du camp toute sa cavalerie, dont il n’avait avec lui qu’une faible partie, et ses archers, qui n’étaient pas nombreux ; et, après avoir commandé aux cohortes de le suivre doucement, en bon ordre, il prit les devants avec quelques hommes armés. D’aussi loin qu’il put apercevoir l’ennemi, il ordonna à ses soldats de mettre le casque en tête et de se préparer au combat. Il n’avait en tout que trente cohortes, quatre cents chevaux et cent cinquante archers.

XIII. Les ennemis cependant, commandés par Labiénus et les deux Pacidéius, se rangent sur une ligne très étendue, composée, non d’infanterie, mais de cavalerie entremêlée de Numides armés à la légère, et d’archers à pied ; d’ailleurs si serrée, que, de loin, les troupes de César crurent que c’était de l’infanterie. Les deux ailes étaient couvertes par deux gros corps de cavalerie. César rangea comme il put son infanterie sur une seule ligne, à cause du peu de troupes qu’il avait, plaça ses archers en avant de l’armée et mit sur les deux ailes sa cavalerie, en lui recommandant de ne pas se laisser envelopper par la nombreuse cavalerie des ennemis : car il croyait que c’était contre l’infanterie qu’il allait avoir à combattre.

XIV. Chacun de part et d’autre attendait, et César ne faisait aucun mouvement, persuadé qu’avec si peu de troupes il aurait plus besoin d’habileté que de force, quand tout à coup on vit les cavaliers ennemis se déployer, s’étendre, embrasser les collines, harceler notre cavalerie, et se préparer à l’envelopper. Celle-ci avait beaucoup de peine à se maintenir contre une si grande multitude. Déjà les deux lignes se mettaient en mouvement pour en venir aux mains, quand tout à coup l’infanterie légère des Numides, entremêlée avec leur cavalerie, s’avança vers nos légionnaires, et lança ses traits dans nos rangs. Nos soldats les chargèrent avec vigueur : mais les cavaliers ennemis tournèrent bride ; puis, tandis que l’infanterie résistait, ils se ralliaient derrière elle, et revenaient à la charge pour soutenir les leurs.

XV. Voyant que, dans ce nouveau genre de combat, nos légionnaires rompaient leurs rangs pour poursuivre les cavaliers ennemis, et décou-