Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/519

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combat, fuyait avec M. Pétréius, ne marchant que la nuit, et se cachant le jour dans les habitations isolées. Enfin il arriva dans son royaume. Il se présenta d’abord à Zama, où il résidait d’habitude, où étaient ses femmes, ses enfants, ses trésors et tout ce qu’il avait de plus précieux, et où il avait fait, dès le commencement de la guerre, des fortifications considérables. Mais les habitants, qui, à leur grande satisfaction, venaient d’apprendre la victoire de César, lui fermèrent leurs portes, parce que Juba, après avoir déclaré la guerre au peuple romain, avait fait dresser sur la place de la ville un bûcher immense, dans le dessein, s’il était vaincu, de les y jeter tous, avec tous leurs biens, après les avoir égorgés, de se tuer lui-même sur leurs cadavres et de se brûler comme eux avec ses femmes, ses enfants, ses sujets et tous ses trésors. Il resta longtemps devant les portes de Zama à menacer les habitants, mais voyant qu’il n’obtenait rien, il eut recours aux prières, et les supplia de lui permettre de revoir ses dieux pénates. Comme ils persistaient dans leur refus, et que ni menaces ni prières ne pouvaient les engager à le recevoir, il demanda qu’au moins on lui rendit ses femmes et ses enfants pour les emmener avec lui. N’ayant pas obtenir la moindre réponse, il s’éloigna de Zama et se rendit à sa maison de plaisance avec M. Pétréius et quelques cavaliers.

XCII. Cependant ceux de Zama envoient des députés vers César, à Utique, pour l’informer de l’état des choses, et le conjurer de leur envoyer du secours avant que Juba ait rassemblé des forces pour venir les attaquer : tant qu’ils vivront, eux et leur ville seront à ses ordres. Après les avoir loués de leur zèle, César les renvoie chez eux annoncer sa prochaine arrivée. En effet, dès le lendemain, il sort d’Utique, et marche avec sa cavalerie vers le royaume de Juba. Sur la route, plusieurs chefs ennemis viennent vers César et le prient de leur pardonner. Il cède à leurs prières. Il arrive à Zama. Le bruit de sa douceur et de sa clémence, répandu partout, attire auprès de lui presque tous les cavaliers du royaume ; il les rassure et les met à couvert de tout péril.

XCIII. Tandis que ces choses se passaient, Considius, qui commandait à Thysdra, avec toute sa maison, des gladiateurs et une troupe de Gétules, ayant appris la défaite de son parti et redoutant l’arrivée de Domitius et des légions, désespéra de pouvoir garder la place, en sortit secrètement avec quelques Barbares en emportant ses trésors, et s’enfuit vers le royaume de Juba ; mais les Gétules qui l’accompagnaient le tuèrent en chemin, pour avoir son argent, et se retirèrent chacun où ils purent. Pour C. Vergilius, quand il vit qu’enfermé dans Thapsus par mer et par terre il était hors d’état de rien entreprendre ; que tous les siens étaient morts ou en fuite ; que M. Caton s’était tué lui-même à Utique ; que Juba était errant, abandonné, méprisé ; que Sabura avait été défait avec ses troupes par Sitius ; que César avait été reçu à Utique sans opposition ; qu’enfin d’une si grande armée il ne restait personne pour le défendre lui