Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/527

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campa de même en face de l’ennemi. César, pour lui couper les vivres et lui ôter la communication avec la ville, fit tirer une ligne de son camp au pont. Pompée fit de même. Ce fut alors entre les deux chefs à qui s’emparerait le premier du pont. De là de légers combats quotidiens, où tantôt les uns, tantôt les autres avaient l’avantage. Enfin, les deux partis s’étant échauffés, on se livra un véritable combat, et comme, des deux côtés, on s’obstinait à emporter le pont, à mesure qu’on en approchait davantage, on se trouvait plus resserré sur les bords de la rivière. On s’y précipitait les uns les autres, on s’y donnait à l’envi la mort, et les cadavres s’entassaient sur les cadavres. Pendant plusieurs jours César essaya tous les moyens d’attirer les ennemis en rase campagne, afin de terminer dès l’abord la guerre.

VI. Voyant qu’il ne pouvait les y engager, quoiqu’il ne les eût détournés vers lui que dans cette intention, il repasse le fleuve avec ses troupes, allume pendant la nuit de grands feux et marche sur Atégua[1], la plus forte place de Pompée. Celui-ci, averti par quelques transfuges, retira le même jour plusieurs de ses chariots et de ses balistes, que la difficulté des chemins lui avait fait abandonner sur la route, et entra dans Cordoue. César, de son côté se retrancha devant Atégua et commença à l’investir. À cette nouvelle, Pompée part le même jour pour aller la secourir. Mais avant qu’il n’arrivât, César s’était assuré des postes fortifiés et y avait établi des troupes, mi-parties de cavalerie et d’infanterie, pour veiller à la sûreté du camp. Pompée arriva un matin par un brouillard très épais. Avec quelques cohortes et quelques escadrons, ils attaquèrent dans l’obscurité les cavaliers de César et laissèrent à peine échapper quelques hommes.

VII. La nuit suivante, Pompée mit le feu à son camp, passa le Salsum[2], et, traversant quelques vallons, alla camper sur une hauteur, entre Atégua et Ucubis[3]. César était alors dans son camp où il faisait disposer les mantelets, les tranchées et toutes les choses nécessaires pour un siège. Ce pays montueux semble fait pour les opérations militaires ; la rivière de Salsum traverse la plaine, environ à deux milles d’Atégua. Pompée était campé vis-à-vis, sur les hauteurs, à la vue des deux villes, sans oser secourir les siens. Il avait treize légions ; mais il ne comptait guère que sur deux, composées de soldats de la province qui avaient quitté Trébonius ; sur une autre qui avait été levée dans les colonies romaines de ce pays ; enfin sur une quatrième, qu’Afranius avait amenée d’Afrique ; le reste des troupes auxiliaires n’était que des fugitifs ; en ce qui concerne la cavalerie et l’infanterie légère, nos forces étaient de beaucoup supérieures en nombre et en valeur.

VIII. Pompée avait d’ailleurs cet avantage pour

  1. Aujourd’hui Tebula-Vieja.
  2. Aujourd’hui le Guadajoz.
  3. Aujourd’hui Lucus.