Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/532

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celui qui s’en était chargé approcha-t-il de la tour, qu’il fut tué. La même nuit, un transfuge nous apprit que Pompée et Labiénus avaient été indignés du massacre des habitants.

XIX. Vers la seconde veille, une de nos tours fut fendue depuis le pied jusqu’au second étage, par le grand nombre de traits que les ennemis y lancèrent. En même temps on se battit sous les murs avec acharnement ; et les assiégés, profitant d’un vent favorable, mirent le feu à une autre de nos tours. Le lendemain, une mère de famille se jeta du haut des murs, se réfugia vers nous, et nous dit qu’elle avait eu le dessein de passer avec toute sa maison du côté de César ; mais que sa suite avait été arrêtée et égorgée. Dans le même temps on lança du rempart des tablettes, où l’on trouva ces mots écrits : « L. Munatius, à César. Puisque Cn. Pompée m’abandonne, si tu veux m’accorder la vie, je m’engage à te servir avec le même courage et la même fidélité que je l’ai servi. » En ce moment les députés qui étaient déjà venus, reviennent vers César pour lui dire que s’il veut leur accorder la vie, ils lui livreront la place le lendemain. Il leur répondit qu’il était César, et qu’il tiendrait sa parole. Ainsi, avant le onzième jour des calendes de mars, il fut maître de la ville et proclamé Imperator.

XX. Pompée n’eut pas plutôt appris par quelques fuyards la reddition de la place, qu’il leva son camp et marcha vers Ucubi. Il s’y retrancha, et fit bâtir des forts aux environs. César l’y suivit et alla camper près de lui. Le même jour, au matin, un soldat d’une des légions du pays, ayant passé de notre côté, nous apprit que Pompée avait assemblé les habitants d’Ucubi et leur avait ordonné de faire une recherche exacte de ses partisans et de ceux qui favorisaient le parti contraire. Quelque temps après, à la prise de la ville, on saisit, dans un souterrain, l’esclave qui, comme nous l’avons dit, avait égorgé son maître, et il fut brûlé vif. À la même époque, huit centurions d’une légion du pays vinrent se rendre à César. Il y eut aussi une action entre notre cavalerie et celle de l’ennemi : nous y eûmes quelques gens de trait blessés ou tués. La nuit suivante, nous prîmes des espions, trois esclaves et un légionnaire du pays. Les esclaves furent mis en croix, le soldat eut la tête tranchée.

XXI. Le jour suivant, des cavaliers et des soldats d’infanterie légère passèrent du camp ennemi dans le nôtre. Dans le même temps, une douzaine de leurs cavaliers tombèrent sur plusieurs de nos gens qui allaient à l’eau, et en tuèrent ou prirent quelques-uns ; mais huit d’entre eux furent faits prisonniers. Le lendemain Pompée fit trancher la tête à soixante-quatorze personnes qui passaient pour être dans les intérêts de César. Le reste fut par son ordre ramené dans la ville ; cent vingt échappèrent et se réfugièrent vers César.

XXII. Quelque temps après, des Bursaoniens (9), qui avaient été pris dans Atégua, furent députés avec plusieurs des nôtres vers leurs concitoyens