Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/123

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Loix. La plupart de ceux qui ont opiné avant moi, ont déploré le malheur de la République en termes étudiés & pompeux. Ils ont dépeint toutes les cruautés de la guerre & ſes funeſtes ef‍fets ; l’enlévement des f‍illes & des jeunes garçons ; les enfants arrachés d’entre les bras de leurs peres ; les meres de famille expoſées à l’inſolente brutalité du Vainqueur ; le pillage des maiſons & des Temples ; le meurtre, l’incendie, les armes & les corps morts entaſſés, le ſang & la déſolation ; rien enf‍in n’a été oublié. Mais[1] à quoi tendent

  1. J’ai retranché Dieux immortels ! par déférence pour MM. les Auteurs du Journal des Savants : Dieux immortels ! à quoi tendent ces diſcours ? De même qu’à la page ſuivante : Mais au nom des Dieux, pourquoi n’avez-vous pas ajouté qu’il falloit auparavant les battre de verges ? il y a deux eſpeces de retranchements, auxquelles je me porte volontiers. 1o. Lorſque ce qui précede, & ce qui ſuit, ſuf‍fiſent pour faire aiſément ſous-entendre ce que je retranche. Par exemple, dans Jugurtha, c. 17, genus hominum ſalubri corpore. . . pleroſque ſenectus diſſolvit, niſi qui ferro aut beſtiis interiêre ; nam morbus haud ſæpè quemquam ſuperat ; ad hoc malef‍ici generis plurima animalia.—Les hommes y ſont ſains, & ne meurent ordinairement que de vieilleſſe, à moins que le fer ou les animaux mal-faiſants, qui y ſont en grand nombre, n’abregent leurs jours.—Morbus haus ſæpè quemquam ſuperat me paroît ſuf‍fiſamment indiqué dans le françois. 2o. Lorſque la narration deviendroit languiſſante, par une addition qui n’y ſert de rien, comme dans Jugurtha, c. 5. A P. Scipione, cui poſteà Africano cognomen ex virtute fuit. Mais eſt-il vrai que Dieux Immortels ! & Au nom des Dieux—ne ſoient que des formules latines abſolument étrangeres au françois, & qu’on doive les ſupprimer ? N’a-t-on pas tranſporté chez nous les mêmes formules adaptées à notre Religion, quand nous parlons en notre nom ?