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CONTES

désirs en feu ! » Teremente se leva, le troisième, et dit : « Je bois à toi, Dionysos, qui, comme un vendangeur infatigable, foules sous tes pieds éclaboussés de sang la vie qui bout et qui fume, toi qui présides aux baisers, aux étreintes, aux spasmes, et fais claquer ton fouet d’or au-dessus des sexes mêlés ! » À ce moment, un bel enfant aux cheveux longs, au cou rond et fin comme celui d’une fille, avança le bras pour remplir une coupe ; Teremente l’attira vers lui, et brusquement l’embrassa sur la bouche. Rovère s’était levé à son tour ; sa voix était solennelle, son geste magnifique ; il dit : « Je bois à toi, Dionysos, soleil de feu, âme du monde, cascade d’or, dieu très bon, très puissant, très adorable, père de la divine volupté. C’est toi qui, tendant l’éternel désir au cœur de la création, fais surgir des fleurs toujours plus suaves, des fruits toujours plus savoureux, des formes toujours plus belles. De ta poitrine, profonde comme le firmament et constellée comme la nuit,