Page:Samuel Koenig, Appel au public, 1752.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(46)

tion de fixer précisément le point, où quelqu'une commence, ou finit: toutes les espèces, qui bordent, ou qui occupent, pour ainsi dire, les Régions d'inflexion & de rebroussement, devant êtres équivoques & douées de caractères, qui peuvent se rapprocher des espèces voisines également. Ainsi l'existence de Zoophytes, par exemple, ou comme Buddeus les nomme, de Plant-Animaux, n'a rien de monstrueux ; mais il est même convenable à l'ordre de la nature qu'il y en ait. Et telle est la force du Principe de continuïté chez moi, que non seulement je ne serois pas étonné d'apprendre, qu'on eut trouvé des Etres qui, par rapport à plusieurs propriétés, par exemple, celles de se nourrir, ou de se multiplier, puissent passer pour des végétaux à aussi bon droit que des animaux, & qui renversassent les règles communes, bâties sur la supposition d'une séparation parfaite & absolue des différents ordres des Etres simultanés qui remplissent l'Univers ; j'en serois si peu étonné, dis-je, que même je suis convaincu qu'il doit y en avoir de tels, que l'Histoire naturelle parviendra peut-être à les connoitre un jour, quand elle aura étudié davantage cette infinité d'Etres vivants, que leur petitesse dérobe aux observations communes, & qui se trouvent cachés dans les entrailles de la Terre & dans l'abîme des Eaux. Nous n'observons que depuis hier, comment serons-nous fondés à nier à la raison ce que nous n'avons pas encore eu l'occasion de voir ? Le Principe de Continuïté est donc hors de doute chez moi, & pourroit servir à établir plusieurs vérités importantes dans la véritable Philosophie, laquelle s'élevant au-dessus des sens & de l'imagination, cherche l'origine des Phénomènes dans les Régions intelle-