Page:Sand – Le Lis du Japon, 1866.pdf/23

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funeste, cette distraction impardonnable ou cette inexplicable malice, c’en est fait de toi. Je le connais, je vois d’ici sa fureur ; il te renie, il te déshérite. Voilà un lis qui te coûte trois ou quatre cent mille livres de rente !

LA MARQUISE, à part.

Pauvre jeune homme !… et c’est pour moi !… (Haut.) Courez, monsieur Marcel. Allez dire à M. Thierry que c’est moi qui ai fait le mal.

MARCEL.

Vous, madame ? Il ne le croira pas.

LA MARQUISE.

C’est pourtant moi. J’ai pris fantaisie de cette fleur, et, sans savoir ce que je faisais… Allez vite, monsieur Marcel, je prends tout sur moi.

JULIEN.

Mais je ne veux pas tromper…

MARCEL.

Mais, moi qui avais répondu de toi, je ne veux pas être accusé… banni ! Diable ! non, je suis ici en cause. Je cours, je vole… (Il s’arrête ; à part.) Elle n’est pas partie, et je ferai mieux de savoir à quoi m’en tenir. (Il reste derrière la porte en tapisserie.)

JULIEN.

Que Marcel apaise la colère de l’oncle pour son compte, quant à moi, je l’affronterai et j’en porterai la peine. Ah ! qu’elle m’eût été douce si…

LA MARQUISE.

Si ?…

JULIEN.

Si, au lieu de me refuser avec tant de hauteur, vous eussiez accepté cette humble offrande !

LA MARQUISE.

Une offrande qui vous coûtera peut-être si cher ! Tenez, monsieur, ce que vous avez fait là est déraisonnable, et ce que je vais