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MARCEL.

Oui ; vingt-cinq ans, veuve aussi, passablement jolie, très-avenante, on dit même un peu coquette : la présidente de Reuilly.

JULIEN.

Très-bien ! c’est conclu : je refuse.

MARCEL.

Pourquoi ça ? Tu es donc fou ?

JULIEN.

Oui. (Il se lève et va à la fenêtre.)

MARCEL.

Voilà une réponse nette et qui coupe court aux remontrances. Pourtant, Julien… Mais que regardes-tu donc là ?

JULIEN.

Rien.

MARCEL.

Si fait ! (Il regarde.) Tiens ! la marquise d’Estrelle, ma cliente aussi. Laisse-moi donc la saluer.

JULIEN.

Non pas ! elle ne sait pas que je la regarde, moi.

MARCEL.

Ah ! tu la regardes ?

JULIEN.

Elle ne s’en doute pas. J’y mets tant de précautions ! Dès qu’elle paraît, je baisse le rideau.

MARCEL.

Et, pendant qu’elle se promène dans son petit jardin, tu la contemples à travers cette fente de l’étoffe ? Es-tu bien sûr qu’elle ne s’en soit jamais aperçue ?

JULIEN.

Ah ! mon ami, elle ne sait pas seulement que j’existe !

MARCEL.

Mais elle va le savoir.