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JEAN ZISKA.

églises, chassa les prêtres calixtins, en institua de nouveaux, et donna ses lois à toute la ville, sans que les anciens consuls ni personne osât s’y opposer.



Et firent brûler leur commandant… (Page 33.)

Pendant ce temps, les Taborites et les Orébites marchaient à la rencontre de l’Empereur, qui entrait en Bohême par Cuttemberg. Malgré la clémence de Ziska, les mineurs revenaient à Sigismond, et, commandés par le brigand Miesteczki, celui qui avait pillé les moines d’Opatowitz pour son compte et qui ensuite s’était uni à Ziska, ils reprirent Przelautzi, jetèrent cent vingt-cinq Taborites dans les minières, en tuèrent mille à Chutibor, et firent brûler leur commandant et deux de leurs prêtres.

Pendant ce temps, l’aristocratie négociait avec le roi de Pologne. Sur son refus d’accepter la couronne, les seigneurs catholiques devenus calixtins pour voir venir, et les vrais calixtins, avaient demandé à Wladislas de leur envoyer son parent Coribut. Wladislas jouait tous les partis tour à tour. L’année précédente, il avait négocié avec Sigismond la réconciliation des Bohémiens, en s’engageant toutefois à marcher contre eux avec lui, dans le cas où Sigismond consentirait à marcher avec lui contre les chevaliers teutoniques. La conclusion de ces pourparlers avait été un accord de mariage entre le roi de Pologne et la veuve de Wenceslas. L’Empereur avait offert Sophie ou sa propre fille au choix de ce nouvel allié ; le Polonais avait préféré la plus mûre des deux, parce qu’elle était la plus riche. Mais les ambassadeurs de Sigismond, qui portaient son adhésion en Pologne, avaient été saisis et enlevés par les Hussites ; de sorte que le mariage fut suspendu, et les deux monarques eurent le temps de se brouiller encore une fois. Alors Wladislas envoya une ambassade à Prague pour proposer Coribut, lequel gouvernerait la Bohême au nom du roi de Pologne. Coribut était déjà aux frontières, et ne demandait que des troupes pour entrer en Bohême. On ne put lui en envoyer, parce que l’Empereur débusquait par la frontière opposée, et qu’on n’avait pas trop de monde pour lui tenir tête.

À peine Sigismond fut-il entré en Bohême que les seigneurs catholiques, qui avaient si bien protesté contre lui, répondirent à son appel, et allèrent lui prêter foi et hommage. Le juste-milieu, épouvanté de cette défection, appela Ziska à son secours. Ziska accourut à Prague pour