Page:Sand - Adriani.djvu/177

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doxie à seize quartiers : chaste autant que peut l’être une femme qui, par ordre du confesseur, subit sans amour la loi du mariage.

Longtemps la belle Andrée brilla dans le monde provençal comme un meuble d’apparat qui ornait les fêtes sans les égayer. Sans sortir de sa famille, qui se ramifiait par ses alliances à une population entière de cousins, d’oncles, de germains et issus de germains, elle se trouvait très-répandue. Les devoirs de famille lui créèrent donc des habitudes de représentation et d’hospitalité, et, quand elle avait dit le monde, objet de son respect ou de ses égards, elle croyait parler de l’univers, et ne se doutait pas que l’opinion pût dicter ses arrêts ailleurs que dans le petit groupe que formaient, en somme, ses grandes relations au sein d’une petite caste.

Le récit de Toinette, relativement à la longue opposition de la marquise au mariage d’Octave et de sa pupille, était parfaitement véridique. Celte mère rigide, cette fière patricienne pauvre, eût laissé mourir d’amour et de douleur son fils et sa nièce plutôt que de se laisser soupçonner de calcul et de captation. Elle ne céda qu’en voyant Laure toucher à sa majorité sans varier sa préférence ; mais, en cédant, elle se garda bien de témoigner aucune joie d’un mariage qui redorait un peu le blason de sa famille. Elle ne ressentit même aucune admiration pour la constance et la générosité de sa pupille. Elle les