Page:Sand - Adriani.djvu/188

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d’un grand personnage. Elle aimait la lutte et l’obstination de la controverse.

— Monsieur, répondit-elle, dans les usages de la noblesse méridionale, une demande en mariage exige la réunion des principaux membres d’une famille ; mais je crois deviner que vous êtes étranger, du moins à cette partie de la France dont nous sommes, ma fille et moi.

— Oui, madame, répondit l’artiste avec vivacité et en regardant Laure, qu’il lui tardait d’instruire mieux et plus vite que sa belle-mère. Je suis à moitié étranger, puisque ma mère était italienne, que je suis né à Naples, et que je porte volontiers le nom d’Adriani.

Laure tressaillit, rougit faiblement, comme à la joie d’une agréable découverte, et tendit de nouveau la main à l’artiste, sans faire la moindre attention à l’étonnement de sa belle-mère et à la consternation de Toinette.

Ce fut une ivresse de bonheur pour Adriani que ce mouvement spontané. Laure le savait artiste, et c’était un titre à ses yeux.

Quant à la marquise, qui, sans être musicienne, avait toujours montré beaucoup d’encouragement et de condescendance pour la passion de Laure à l’endroit de la musique, ou elle ne se rappela pas avoir ouï parler d’un chanteur du nom d’Adriani, ou, si elle se souvint d’avoir lu ce nom gravé sur les cahiers de sa belle-fille,