Page:Sand - Adriani.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle ne voulut pas supposer que ce fût celui qui se donnait pour riche et bien né. Elle se confirma dans la supposition d’une destinée des plus brillantes, et reprit son résumé.

— Je crois, monsieur, d’après votre personne et votre langage, que vos poursuites peuvent être très-flatteuses pour ma fille ; mais, avec la vivacité italienne qui vous caractérise, vous voulez marcher trop vite. La chose est délicate au possible dans l’esprit de deux femmes appelées par vous à se prononcer sans prendre conseil que d’elles-mêmes. Vous nous permettrez donc de nous consulter d’abord, ma fille et moi, et ensuite de réunir notre famille avant de prendre une résolution aussi grave. C’est l’avis de ma fille et le mien.

Adriani interrogea les regards de Laure, qui restaient doux, mais vagues.

— À quoi songez-vous, ma fille ? dit la marquise étonnée de sa préoccupation.

Laure se réveilla et dit avec calme :

— Je pensais à lui, maman, à ce qu’il nous dit. À quoi voulez-vous que je songe quand il est là ? Je l’aime autant qu’il m’est possible d’aimer, et pourtant je ne peux pas encore lui répondre. Je ne peux pas, il le sait bien.

— Ainsi, Laure, rien n’est changé entre nous ? s’écria Adriani. Eh bien, merci pour la part de confiance que vous me conservez. Je craignais d’avoir à la reconquérir.