Page:Sand - Adriani.djvu/21

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Là-dessus, il a tourné les talons et le voilà parti.

Je ne sais pas si c’est un original qui ne pense pas à ce qu’il fait, ou s’il a eu l’idée de se moquer de moi, mais je commence à être inquiet. On voit tant d’aventuriers sur les chemins, que j’aurais bien pu me tromper sur sa mine de grand seigneur. Il faudra que je l’observe de près. Ce n’est pas tant pour le risque à courir du côté des gages que pour la honte d’être commandé par un homme sans aveu. Il y a du monde fait pour commander aux domestiques, mais il y en a aussi qui mériteraient de servir ceux qui les servent, et c’est une grande mortification d’être dupé par ces canailles-là.


Mauzères, 22 août.

Nous voilà dans un joli château, ou plutôt une jolie maison de campagne, chez un ami de monsieur, qui est auteur et baron. Ce n’est pas très-riche, mais c’est confortable, comme disait mon milord, et la manière dont on a reçu monsieur, ce soir, me raccommode un peu avec lui. Il était temps, car il me donnait bien des doutes. Et puis c’est un homme qui a l’esprit superficiel, qui n’a aucune conversation avec les gens, et qui est si distrait par moments, que les talents qu’on a sont en pure perte.