Page:Sand - Adriani.djvu/214

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de famille ; mais ni les Larnac ni les Monteluz ne pouvaient avoir des intérêts cachés pour les deux ou trois cents personnes qui, de près ou de loin, réclamaient leur confiance à titre de parents. La curiosité des provinciaux est ardente et naïve. Accablée de questions, la marquise prit le parti de dire ce qu’elle croyait, de bonne foi, être la vérité.

— Écoutez, dit-elle, je ne peux ni ne veux vous tromper ; mais, pour le repos et la considération de la famille, il faut que ceci reste entre nous et ne devienne pas la pâture du pays. Que le peuple et la bourgeoisie croient donc que madame Octave a de graves affaires dans le Vivarais. C’est un devoir pour vous tous de parler ainsi.

— Sans doute, sans doute, dit la tante de Roqueforte ; nous comprenons bien qu’il y a autre chose, et c’est…

— C’est ce qu’il y a de plus triste au monde, reprit la marquise. Ma belle-fille est folle !

Là-dessus, elle raconta comme quoi, sans motifs appréciables à la raison humaine, Laure, après être partie pour voyager, était revenue, au moment où elle annonçait dans ses lettres l’intention de prolonger son absence ; comme quoi elle était arrivée, l’avant-veille, à Larnac, avec l’intention apparente d’y rester, et comme quoi elle était repartie au bout de vingt-quatre heures, sans s’expliquer aucunement.