Page:Sand - Adriani.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle était jolie comme cela dans son berceau. Ah ! tenez, si elle se met véritablement à vous aimer, vous serez bien tout ce qui vous plaira, prince ou baladin : moi, je vous aimerai aussi de toute mon âme pour me l’avoir sauvée.

La Muiron dit encore à Adriani bien des choses encourageantes. Elle lui raconta que la marquise avait déjà maintes fois tourmenté Laure depuis un an pour l’engager, non pas à se marier tout de suite, mais à en accepter l’idée, et elle l’avait fait obséder des hommages de plusieurs prétendants plus ou moins désagréables. Il y en avait pourtant deux fort bien, disait Toinette : jeunes, riches, aussi beaux garçons qu’Octave et plus civilisés. Laure avait été révoltée, indignée intérieurement de leurs prétentions. Elle les avait découragés dès le premier jour. Aussi, je désespérais de la voir jamais se consoler, ajoutait Toinette ; je me demandais quel demi-dieu il fallait être pour lui ouvrir les yeux, et, si vous y réussissez, je me dirai que vous êtes un dieu tout entier.

Lorsque Toinette sut, peu à peu, l’histoire d’Adriani, elle ne combattit plus ses espérances par d’inutiles appréhensions. Elle souhaita vivement que les préjugés de la marquise fussent comptés pour rien, et son rôle se concentra dans celui d’avocat et de panégyriste enthousiaste du jeune artiste auprès de sa maîtresse.

Des jours heureux, mais trop vite troublés, se levèrent