Page:Sand - Adriani.djvu/263

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et sa bouche contractée par le désespoir jusque dans le calme de la mort.

— Allons, se dit-il, mieux vaut encore ma vie désolée pour moi seul, que cette mort désolante pour les autres.

Il suivit seul le convoi de cet homme dont tant de gens recherchaient naguère l’opulence, l’audace et le succès.

Puis il prit un jour de repos, et se prépara, par l’étude, à son prochain début. La place était vide depuis un mois. On lui donnait quinze jours pour être prêt à débuter dans Lucie.

Il dut pourtant s’occuper de régler sa position. Il était lié avec des gens de toute condition, et dans le nombre il pouvait choisir le capitaliste qui regarderait sa probité, son énergie et son talent réunis comme une caution infaillible. Il s’adressa à celui dont il était le mieux connu et le mieux apprécié, lui confia son embarras, et lui demanda trois cent mille francs escomptés sur trois années de sa vie. On refusa de saisir d’avance ses appointements ; on se contenta de prendre hypothèque sur Mauzères. La somme fut envoyée à M. Bosquet dans le délai de la promesse qui lui avait été faite, et Adriani reçut, en échange, ses titres de propriété sur la terre et châtellenie de Mauzères. Quand cette affaire fut réglée, Adriani respira un peu, et se dit naïvement qu’au milieu de son malheur son étoile ne l’abandonnait pas.