Page:Sand - Adriani.djvu/42

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d’un homme qui connaît toutes les femmes du grand monde et qui cherche à se remémorer.

— C’était mademoiselle Laure de Larnac.

— Une famille languedocienne ? Tous les noms en ac

— Oui, monsieur. Languedocienne d’origine ; mais, depuis longtemps, les Larnac étaient fixés en Provence, du côté de Vaucluse. Un beau pays, monsieur ! les amours de Pétrarque ! Et des propriétés ! madame a là un château… Si elle voulait l’habiter, au lieu de cette affreuse masure, de ce pays sauvage ! De tout temps, monsieur, les Larnac ont fait honneur à leur fortune. Les Monteluz aussi, car ce sont deux familles d’égale volée. Il y a eu un marquis de Monteluz, grand-père du marquis dont madame est veuve, qui n’allait jamais à Paris et à la cour, par conséquent, sans dépenser…

Quel âge avait le mari de madame ? demanda d’Argères, qui craignit une généalogie.

— Hélas ! monsieur, vingt ans ! l’âge de madame. Deux beaux, deux bons enfants qui avaient été élevés ensemble ! Ils étaient cousins germains. Les Larnac et les Monteluz…

— Et madame a maintenant ?…

— Vingt-trois ans, monsieur, tout au juste. Monsieur le marquis n’a vécu que six mois après son mariage. Il s’est tué à la chasse… Un accident affreux ! En sautant un fossé, son fusil…