Page:Sand - Adriani.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

arrêtée. Pais elle a repris : « Dis-lui… Non, rien, rien, remercie-le ; dis-lui que c’est bien bon de sa part, d’avoir chanté pour moi ! que je suis bien reconnaissante. » Je vous le dis, monsieur, et vous vous en allez ?

— Je reviendrai, Toinette !

— Quand ça ?

— Quand faut-il revenir ?

— Dame ! le plus tôt sera le mieux.

— Eh bien, ce soir. Je ne me présenterai pas. Elle ne me verra pas. Je lui épargnerai ainsi la fatigue de s’occuper de moi. Je chanterai dans la campagne, à portée d’être entendu. Mais ne l’avertissez point. Je crois que l’inattendu sera pour beaucoup dans sa jouissance.

— Ah ! monsieur, s’écria Toinette, je voudrais être jeune et jolie pour vous faire plaisir en vous embrassant !

Elle dit cela en rougissant sous son rouge, comme si elle se croyait encore aussi appétissante que modeste, et se sauva comme si j’eusse été d’humeur à la poursuivre.

Cette vieille écervelée me gâte un peu ma Desdemona. Mais, après tout, ce n’est pas sa faute ; je ne suis pas obligé d’embrasser la Muiron, et au fond cette confidente de la tragédie a un très-bon cœur.

Je tins ma parole : je retournai au Temple à l’entrée de la nuit, non sans être épié, je crois, par M. Comtois, mon valet de chambre, qui est fort curieux et qui s’in-