Page:Sand - Andre.djvu/200

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où il pourrait parler d’elle avec André ; mais André semblait fuir ce moment. À mesure que ses forces physiques revenaient, son vrai caractère reprenait le dessus, et de jour en jour la crainte remplaçait l’espoir que son père lui avait laissé entrevoir un instant. Il ne savait pas que Geneviève était venue auprès de son lit, il ne savait pas à quel point elle avait souffert pour lui. Il se laissait aller paresseusement au bien-être de la convalescence, et s’il désirait sincèrement de voir arriver le jour où il pourrait aller la trouver, il est certain aussi qu’il craignait le jour où son père enflerait sa grosse voix pour lui dire : D’où venez-vous ?

Geneviève attendait, pour le juger et prendre un parti, la conduite qu’il tiendrait avec elle ; mais il demeurait dans l’indécision. Chaque jour elle demandait à Joseph s’il lui avait parlé d’elle, et Joseph répondait ingénument que non. Enfin un jour il crut lui apporter une grande consolation en lui racontant qu’André lui avait ouvert son cœur, qu’il avait parlé d’elle avec enthousiasme, et de la cruauté de son père avec désespoir.

— Et qu’a-t-il résolu ? demanda Geneviève.

— Il m’a demandé conseil, répondit Joseph.

— Et c’est tout ?

— Il s’est jeté dans mes bras en pleurant, et m’a supplié de l’aider et de le protéger dans son malheur.