Page:Sand - Andre.djvu/240

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ses belles équipées ? N’avez-vous pas conseillé à André de m’insulter et de me désobéir ? N’avez-vous pas donné le bras à la mariée le jour de cet honnête mariage ? Répondez à tout cela, Joseph, et interrogez un peu votre conscience ; elle vous dira que je devrais retirer ma main de la vôtre quand vous me la tendez.

Joseph sentit que le marquis avait raison, et il fit un effort sur lui-même pour ne pas se déconcerter.

— Je conviens, dit-il, que les apparences sont contre moi, marquis ; mais si nous nous étions expliqués au lieu de nous fuir, vous verriez que j’ai fait tout le contraire de ce que vous croyez. Le jour où j’ai emmené André avec votre char à bancs et mon cheval, il est vrai, je crois avoir rempli mon devoir d’ami sincère envers le père autant qu’envers le fils.

— Comment cela, je vous prie ? dit le marquis en haussant les épaules.

— Comment cela ! reprit Joseph avec une effronterie sans pareille ; ne vous souvient-il plus de la colère épouvantable et de l’insolente ironie de votre fils durant cette dernière explication que vous eûtes ensemble ?

— Il est vrai que jamais je ne l’avais vu si hardi et si têtu, répondit le marquis.

— Eh bien ! dit Joseph, sans moi il aurait dépassé toutes les bornes du respect filial ; quand je vis ce malheureux jeune homme exaspéré de la sorte, et