Page:Sand - Andre.djvu/251

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. Il crut que Joseph avait fait une réflexion générale, et, ayant escaladé pesamment un échalier, il s’enfonça avec lui dans les buissons touffus d’un pâturage.

— Je n’aime pas cela, dit-il en frappant du pied la terre vierge de culture où depuis un temps immémorial les troupeaux broutaient l’aubépine et le serpolet ; je n’aime pas le terrain que l’on ne travaille pas. Les métayers ne veulent pas sacrifier les pâturages, parce que cela leur épargne la peine de soigner leurs bœufs à l’étable. Moi, je n’aime pas ces champs d’épines et de ronces où les moutons laissent plus de laine qu’ils ne trouvent de pâture. J’ai déjà mis la moitié de celui-ci en froment, et l’année prochaine je vous ferai retourner le reste. Les métayers diront ce qu’ils voudront, il faudra bien qu’ils m’obéissent.

— Certainement, si vos prairies à l’anglaise vous donnent assez de fourrage pour nourrir les bœufs au dedans toute l’année, vous n’avez pas besoin pâturaux. Mais est-ce de la bonne terre ?

— Si c’est de la bonne terre ! une terre qui n’a jamais rien fait ! N’as-tu pas vu sur ma cheminée des brins de paille.

— Parbleu, oui ! des tiges de froment qui ont cinq pieds de haut.

— Eh bien ! c’étaient les plus petits. Dans tout ce premier blé les moissonneurs étaient debout dans les sillons, aussi bien cachés qu’une compagnie de perdrix.