Page:Sand - Andre.djvu/258

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la femme ? C’est à quoi vous ne pourrez jamais consentir, et vous aurez bien raison !

— Jamais ! j’aimerais mieux avoir cent fouines dans mon poulailler qu’une grisette dans ma maison.

— Je le crois bien, dit Joseph. Tenez, je vous conseille de vous débarrasser d’eux avec une bonne somme d’argent comptant, et ils vous laisseront en repos.

— De l’argent comptant, bourreau ! où veux-tu que je le prenne ? Avec ce que j’ai dépensé pour retourner ce pâtural, une paire de bœufs de travail que je viens d’acheter, les vins qui ont gelé, les charançons qui sont déjà dans les blés nouvellement rentrés ; c’est une année épouvantable : je suis ruiné, ruiné ! je n’ai pas cent francs à la maison.

— Moi, je vous conseille de courir les chances du procès.

— Quand je te dis que je suis sûr de perdre : veux-tu me faire damner aujourd’hui ?

— Eh bien ! parlons d’autre chose, voisin ; ce sujet-là vous attriste, et il est vrai de dire qu’il n’a rien d’agréable.

— Si fait, parlons-en ; car enfin il faut savoir à quoi s’en tenir. Puisque te voilà, et que tu dois voir André ce soir ou demain, je voudrais que tu pusses lui porter quelque proposition de ma part.

— Je ne sais que vous dire, répondit Joseph ; cherchez vous-même ce qu’il convient de faire : vous avez plus de jugement et de connaissances en