Page:Sand - Antonia.djvu/151

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après, cette porte s’ouvrit, et madame d’Estrelle parut. Elle était fort pâle et agitée.

— Je TOUS reçois ici, lui dit-elle, parce que j’ai du monde dans mon salon, et que je ne peux m’expliquer devant personne sur l’objet qui vous amène. C’est donc M. Antoine qui vous a confié cette lettre ?

— Oui, madame.

— Et vous en ignoriez le contenu sans doute ?

— Non, madame.

— Et vous vous en êtes chargé ?

— Oui, madame.

— Pourquoi cela ?

— Pour savoir si mon oncle est fou à lier ou atrocement méchant.

— En d’autres termes,… vous n’étiez pas sûr,… vous vouliez savoir si je lui avais donné le droit de m’écrire une pareille lettre ?

— Je n’y croyais pas, et je comptais que vous me feriez chasser sans réponse.

— Alors,… comme je vous reçois, vous en concluez… ?

— Rien, madame, sinon que vous ne pouvez rien faire de plus cruel que de me laisser dans l’incertitude.

— Quel intérêt si grand pouvez-vous prendre… ? Dois-je compte à quelqu’un… ?

— Ah ! madame, ne me parlez pas sur ce ton-là, s’écria Julien hors de lui. Ou la richesse de mon oncle a fait taire vos répugnances, et, dans ce cas, je n’ai