Page:Sand - Antonia.djvu/228

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et qui ne voulaient plus accorder de délai. Il crut devoir souscrire aux prétentions de la marquise. Il alla en prévenir Julie.

— On vous dépouille, lui dit-il, et je crains même qu’on ne vous force, en cas de résistance, à aliéner le mince capital que vous tenez de votre famille. Il est bien certain que les dettes du comte avec les intérêts accumulés absorberaient au delà de ce qui vous reste de sa fortune. La marquise d’Estrelle veut habiter ou tout au moins posséder l’hôtel d’Estrelle.

— Et ses dépendances ? dit Julie ; le pavillon aussi ?

— Le pavillon aussi. Ma tante aura une indemnité pour déguerpir, autre chose à débattre, mais qui ne vous regarde pas.

Julie ne répliqua rien et tomba dans une profonde tristesse. Être ruinée, réduite à douze cents livres de rente, cela n’avait pas encore offert un sens bien net à son esprit ; mais quitter à tout jamais cette maison élégante, ce jardin délicieux qui, depuis quelques semaines, lui étaient devenus si chers, perdre ce voisinage du pavillon, ce charme et cette sécurité des entrevues nocturnes, c’était là véritablement la catastrophe ! Tout un monde d’ivresses s’écroulait derrière elle. Une phase de son plus pur bonheur était close brutalement et sans qu’elle eût eu le temps de s’y préparer.

Marcel retourna vite chez le notaire de la marquise. Il le trouva très-hautain devant ses concessions, non pas lui, l’homme, qui était fort galant homme du