Page:Sand - Antonia.djvu/239

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la vérité. J’aime Julien. Je lui appartiens par les engagements les plus sacrés. Embrassez et bénissez votre fille.

— Ô mon Dieu ! s’écria à son tour madame Thierry éperdue en pressant Julie sur son cœur, vous êtes mariés ?

— Non certes, jamais sans ton consentement, dit Julien en embrassant aussi sa mère ; mais nous nous sommes juré l’un à l’autre de te le demander dès que cette confidence n’aurait plus rien d’alarmant pour ta tendresse. Julie parle plus tôt que je ne l’aurais souhaité, mais elle parle, et que veux-tu que j’ajoute ? Je t’ai trompée, ma bonne mère, je l’aime éperdument, et je suis le plus heureux des hommes, puisqu’elle m’aime aussi !

Madame Thierry fut si émue de ces révélations, qu’elle resta longtemps sans pouvoir parler. Elle accablait Julie et Julien des caresses les plus tendres, et, tremblante, les mains froides, les yeux humides, elle éprouvait un mélange singulier de frayeur et de joie. Le premier sentiment dominait peut-être, car sa première question fut pour demander à Julien pourquoi, au milieu de son bonheur, il semblait reprocher à Julie d’agir un peu trop vite.

— Ah ! voilà ! dit Julie. Hier au soir,… car nous causons ensemble tous les soirs, chère mère, nous étions convenus d’attendre la solution définitive de mon sort avant de rien révéler à nos amis et à vous-même. Je me voyais marcher à ma ruine. Julien en