Page:Sand - Antonia.djvu/240

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était content. Seulement, il eût voulu, pour ma considération, que tous les torts fussent du côté de la marquise, et il est bien certain que ma résolution, connue et publiée, va lui donner des partisans nombreux dans son monde de faux dévots et de méchantes prudes ; mais, moi, je ne peux pas supporter qu’on me fasse passer pour une femme galante, et cela serait si je craignais de dire la vérité tout entière.

— Oui, sans doute, répondit Julien : à présent, il faut la dire ; mais vous avez hâté l’heure, ma chère Julie ! Pour cette inconséquence-là, je vous adore encore plus ; mais mon devoir était de ne point m’y prêter. L’amour et la destinée l’ont emporté sur ma prudence ; ils ont rendu mon dévouement inutile… Arrière les réflexions ! Bénis tes enfants, ma chère mère ; Julie l’a dit, Julie le veut, et, moi, je sais que tu le veux autant qu’elle.

Pendant que les habitants du pavillon se livraient à cet épanchement, la marquise, installée dans le salon de l’hôtel, procédait à l’évaluation rigide de l’un et de l’autre. Marcel bataillait, le notaire faisait d’honnêtes mais vains efforts pour équilibrer les prétentions respectives. Enfin on arrivait à une conclusion assez chagrinante pour Marcel : c’est que Julie ne pouvait pas espérer de sauver son mobilier des griffes de l’ennemi. C’était beaucoup qu’on lui permît de conserver ses diamants et ses dentelles. Il fallait subir ce dur marché, parce que c’était le plus sûr ; aucun enchérisseur ne s’était présenté. Marcel avait bien écrit