Page:Sand - Antonia.djvu/246

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chaud en hiver. Vous le voulez, vous le réclamez, n’est-ce pas ?

— Voilà une infamie ! s’écria la marquise. Le consentement de madame équivalait à une signature, et jamais on n’a retiré sa parole au dernier moment.

— Pardonnez-moi, madame, riposta Marcel, vous étiez prévenue. J’ai résisté jusqu’à la dernière minute, et je vous l’ai dit trois fois dans la discussion : si la porte s’ouvrait en cet instant, si un enchérisseur quelconque nous apparaissait, je déchirerais ce projet d’acte que je trouve déplorable pour ma cliente. Je subissais, je ne consentais pas ; je réclame le témoignage de mon collègue ici présent. Mon oncle, on vous sait infaillible sur le point d’honneur ; dites ! ai-je le droit de m’opposer à la signature avant que vous ayez parlé ?

— Certes ! répondit M. Antoine, et tu l’as d’autant plus que mes droits à moi priment ceux de madame la marquise. Voyons un peu cet acte !

Antoine parcourut l’acte et dit :

— Ce n’est pas là mon évaluation, madame la marquise ; vous plumez trop la proie, et vous m’obligez à vous rappeler nos petites conventions.

— Allez, monsieur, enchérissez ! répondit la douairière. Je ne saurais lutter contre vous qui possédez des millions. Je renonce à tout, et je vous laisse la place.

— Attendez, attendez ! répliqua Antoine, nous pouvons encore nous entendre à demi-mot, madame ! Je