Page:Sand - Antonia.djvu/249

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péré. Jamais personne ne m’a dit ce mot-là, et si vous n’étiez pas une femme !…

Puis, se tournant vers Marcel :

— De la pitié, c’est du mépris ! Si c’est toi qui lui conseilles de parler comme ça, tu me le revaudras, toi !

— Alors justifiez-vous, si vous le pouvez, répondit hardiment Marcel ; car, si votre conduite est telle qu’elle paraît avoir été, vous êtes un homme détestable, et toute femme d’honneur outragée par vous a le droit de vous le dire.

— En quoi l’ai-je outragée ? Je n’ai outragé personne, moi ; j’ai vu qu’elle se perdait, j’ai voulu l’empêcher de…

— De se perdre ! vous divaguez, mon oncle ! Il est des dangers qu’une femme comme celle devant qui-nous sommes ne connaît pas et ne connaîtra jamais.

— Ah bien, oui ! des paroles, tout ça ! Je ne me paye point de phrases apprises dans les livres, moi ! Quand une femme donne des rendez-vous à un jeune homme…

— Des rendez-vous ? Où prenez-vous cette folie ? Ceux qui vous ont dit cela mentent par la gorge !

— C’est toi qui mens ! toi, le complice, le complaisant !…

— Ah çà ! mon oncle… Mort de ma vie, vous me ferez sortir des gonds !

— Sors de tes gonds, si bon te semble ! Je vous ai vus, moi, sortir de la comédie.