Page:Sand - Antonia.djvu/253

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dans les intrigues de madame André Thierry, qui voulait marier son fils avec une grande dame par vanité, et pour avoir des pareilles, ainsi que le loup de la fable qui a la queue coupée, comme on dit. Et la marquise a été contente d’apprendre l’aventure, et m’en a fait dire peut-être plus que je ne voulais, encore que j’eusse du plaisir à le dire. Enfin finale, elle a dit : « Monsieur Thierry, il faut laisser aller ce beau mariage-là, ça m’arrange ! » Et moi, j’ai dit : « Ça ne m’arrange pas ! — Bon ! vous êtes amoureux d’elle à votre âge !… Du dépit, de la jalousie ! Y pensez-vous ?

— Non, madame, je ne suis point amoureux à mon âge ; mais, à tout âge, on a du dépit d’être joué, et on m’a joué. Je ne suis pas méchant, mais je suis puissant, et je veux qu’on le sache. Il ne me convient pas de la poursuivre moi-même ; mais, quand vous l’aurez bien tourmentée, puisque ça vous amuse, je veux, si elle me demande pardon, lui faire grâce. Bien ! bien ! a dit la marquise. Je vous jure de m’entendre avec vous de bonne amitié. Prêtez toujours. Voilà mon billet, et vous avez ma parole. » La dame m’a encore fait appeler après l’enterrement du bonhomme de marquis. J’en savais de belles sur la maison d’ici, et je lui ai tout conté, et ça nous soulageait tous les deux d’abîmer la comtesse. Et alors la douairière m’a dit : Vengez-vous. Je vais la poursuivre à outrance. » Moi, j’ai toujours dit : « Soit, mais avertissez-moi. Je veux racheter, si elle s’amende. » Or, madame la douairière me trompait ; mais je suis