Page:Sand - Antonia.djvu/275

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laissera probablement le double de ce que lui laissait la douairière ; elle a donc cru devoir le remercier et céder sur l’heure à une fantaisie qu’il a eue de lui faire quitter son hôtel…

— Elle est partie ! s’écria Julien en pâlissant.

— Partie, partie ! elle va passer quelques jours à la campagne ; qu’y a-t-il là de surprenant ?

— Ah ! Marcel, dit madame Thierry, c’est que tu ne sais pas…

— Je ne veux rien savoir en dehors des affaires sérieuses qui réclament tous mes soins, répondit Marcel avec fermeté. J’ai entendu aujourd’hui beaucoup de sottises, d’insinuations blessantes et de commentaires impertinents. Je n’en veux rien croire et rien retenir. Le nom de madame Julie d’Estrelle reste sacré pour moi ; mais je lui ai conseillé de disparaître pour quelques jours.

— Disparaître ?… répéta Julien toujours effrayé.

— Ah ! parbleu ! ne croirait-on pas que nous sommes à Madrid, et qu’on l’a descendue dans un in pace ? Où prends-tu cette humeur tragique ? Je l’ai tout simplement engagée à faire la morte durant une semaine ou deux, le temps de liquider et de régulariser sa position. Tenons-nous tranquilles, ne marquons ni déplaisir ni inquiétude de son absence. Ne réveillons pas les mauvais desseins de la marquise, un peu matés pour le moment par l’intervention de M. Antoine. Assurons surtout à Julie la protection et les égards du vieux riche. Il ne s’agit pas d’expliquer la singulière