Page:Sand - Antonia.djvu/276

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logique de cet homme-là ; le diable y échouerait. Il s’agit d’en tirer parti, et aucun de nous ici ne doit songer à lui-même, mais bien à l’avenir de madame d’Estrelle.

Marcel entra dans des détails de chiffres qui forcèrent l’attention de Julien. Il y allait pour Julie d’une modeste aisance à sauver par un peu de prudence, ou à perdre par un excès de fierté. Sa réputation n’était pas encore compromise dans le monde, et il était fort inutile qu’elle le fût. Jusque-là, le complot formé contre elle par la marquise et M. Antoine n’avait point éclaté. On avait attendu qu’elle en provoquât l’explosion par un essai de résistance aux prétentions de la douairière. Il appartenait maintenant à M. Antoine de protéger Julie contre les accusations dont il était l’auteur. Lui seul le pouvait, ayant en poche des armes contre l’ennemi commun. Il y était disposé, il se repentait à sa manière, il haïssait la marquise, il exigeait qu’on lui laissât tout régler : il fallait absolument courber la tête et attendre en silence.

Une inquiétude restait à Julien. M. Antoine voulait-il donc s’emparer de la destinée et des volontés de madame d’Estrelle pour la ramener à l’extravagante idée d’un mariage avec lui ? Marcel put le rassurer complètement sur ce point et lui donner sa parole que cette fantaisie avait délogé de la cervelle du vieux sphinx. Enfin Julien demanda à Marcel s’il lui donnait aussi sa parole d’avoir conseillé à Julie de s’éloigner à l’heure même, si elle était libre de revenir