Page:Sand - Antonia.djvu/99

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s’était appliqué à la reproduction microscopique d’une de ses toiles pour faire ce cadeau à Marcel, et c’était véritablement un petit chef-d’œuvre.

L’oncle Antoine ne s’y connaissait pas assez pour en apprécier les qualités sérieuses ; mais il connaissait l’anatomie de chaque détail d’une plante aussi bien qu’un botaniste consommé, et, avec sa loupe, s’il ne put compter les étamines de chaque fleur et les nervures de chaque feuille, il put du moins constater que, dans les sacrifices faits par l’artiste à l’effet général, il n’y avait aucune erreur, aucune fantaisie, aucune hérésie, si minime qu’elle fût, contre les imprescriptibles lois de la création.

Il regarda longtemps, puis il demanda ingénument si Julien était capable de faire aussi grand que nature, et, sur la réponse affirmative de Marcel, il décida que Julien ferait le portrait de l…Antonia Thierrii, mais sous ses yeux, afin qu’il pût veiller sur l’exactitude des plus petites choses.

— Ces peintres, dit-il, je sais ce que c’est ! ça veut deviner, ça veut faire mieux que ce qui est. Ça vous donne des raisons d’air, de lumière, d’effet ! Oh ! j’ai retenu tous leurs bêtes de mots ! Si Julien veut être obéissant, à nous deux nous réussirons peut-être à faire quelque chose de beau ! Va-t’en l’avertir, afin qu’il se tienne prêt à venir passer une heure ici après-demain ; ce sera le beau moment de la floraison.

Marcel alla consulter Julien et revint dire à l’oncle que l’artiste voulait deux jours au moins pour étudier