Page:Sand - Cadio.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Fiche-moi la paix et tâche, quand tu vas au feu, de n’être pas plus modéré que moi.

LE GARÇON COIFFEUR. Citoyens, citoyens, pas de rivalité ! que toutes les villes fraternisent et s’embrassent !

D’AUTRES VOLONTAIRES, mêlés à des bourgeois de la ville. Quand je vous dis que, sans la troupe, nous étions aplatis comme un tas de galettes ?

— Peut-être bien ; mais, quand on a vu paraître les plumets, quelle charge à la baïonnette, hein ? c’était comme la foudre !

— Jamais les brigands ne tiendront contre la troupe.

— Ils n’auraient pas tenu contre nous, si nous avions voulu ; mais on a des paniques, c’est ça qui gâte tout !

— Tiens, les Mayençais eux-mêmes en ont, des paniques. Les brigands, c’est pas des ennemis comme les autres. À présent surtout, c’est à faire trembler ! Ils se battent en désespérés. Et puis ils sont devenus si laids avec leurs habits en guenilles, avec leurs figures noires, leurs grandes barbes, leurs yeux qui jettent du feu… On va dessus tout de même ; mais, quand on y pense après, on en rêve la nuit. C’est des cauchemars !

— Y a Saint-Gueltas, le grand chef, c’est comme un sanglier !

— Tu l’as vu, toi ? Tu es bien malin ! Personne ne peut dire qu’il connaît sa figure. Il est toujours habillé en malheureux, et il se bat dans les buissons en simple brigand.

— Je l’ai vu, à preuve que je l’ai tenu au bout de mon fusil.