Page:Sand - Cadio.djvu/125

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Non, mes enfants, ne mangez pas ça. La pomme de terre, c’est bon pour les animaux, c’est malsain pour l’homme. Voilà du pain et de la viande.

— Vive le bon patriote !

— Patriote, moi ? Je n’en sais rien… Je ne m’étais jamais occupé des affaires publiques. Hier, les brigands ont maltraité et frappé ma pauvre femme qui était en couches, et qui ne pouvait pas se lever pour les servir. Elle est morte sur le tantôt. Tuez-les tous, ces chiens-là, et mangez, mes bons amis, prenez des forces ! Je vous apporte tout ce que j’ai. Si vous vouliez de mon sang, je vous en donnerais.

D’AUTRES BOURGEOIS, apportant aussi des vivres. Citoyens, buvez et mangez, et puis entrez dans l’église, et tuez tous les prisonniers, ceux de la ville surtout ! Si vous les laissez échapper, dès que vous aurez tourné les talons, les aristocrates nous mettront à feu et à sang.

LE GARÇON COIFFEUR, buvant. C’est ça, que le Bocage fraternise et s’embrasse !

UN VOLONTAIRE, à un autre volontaire. Diantre ! tu as une belle montre, toi ! Où as-tu cueilli ça ?

— Tiens, sur le champ de bataille. C’est la toquante à quelque aristocrate, ça sonne, et il y a des armoiries dedans.

— Dis donc, faudra les gratter, c’est des signes prohibés.

— Eh bien, toi, qui as ramassé un reliquaire en or avec un bon Dieu dessus, c’est prohibé aussi !

— Non, le sans-culotte Jésus est à l’ordre du jour.

— Ah ! voilà qu’on fusille derrière l’église. Entendez-vous ?

— Qui est-ce qui fait la besogne ?