Page:Sand - Cadio.djvu/141

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LE POSTILLON, relevant son cheval. Ouvrez vous-mêmes, mille noms de nom d’un tonnerre !

SAINT-GUELTAS, faisant descendre Roxane et la Tessonnière. Allons donc ! et flanquez-nous la paix. Silence ! (Roxane est dans un costume impossible, bonnet de coton, chapeau d’homme, robe de soie en lambeaux, cape de paysanne. La Tessonnière a un chapeau de femme, une couverture liée autour du corps avec des cordes et des rubans fanés ; des pantoufles dans des sabots.)

ROXANE, que Saint-Gueltas attire brusquement sur le marchepied de la voiture. Ah ! brutal, vous m’avez meurtri les bras ! Ah ciel ! pardon ! c’est vous, cher marquis ? Dieu nous vient en aide ! mais vous m’avez fait bien mal…

SAINT-GUELTAS. Ah ! tant pis pour vous, mademoiselle de Sauvières. Il fallait aller à Guérande, au lieu de vous obstiner à suivre une armée en déroute ! Pourquoi diable à présent n’êtes-vous pas au centre de la marche avec les autres personnes gênantes ?

LA TESSONNIÈRE, bas, à Roxane. Gênantes n’est pas poli !

ROXANE, à Saint-Gueltas. Vous nous faites des reproches !… Les bleus étaient derrière nous, la peur nous a saisis ; j’ai donné deux louis à cet homme pour qu’il prît la tête. Il prétendait connaître la traverse… Enfin nous voilà !

SAINT-GUELTAS. Belle idée ! vous n’aviez personne derrière vous. N’êtes-vous pas encore habituée aux paniques des traînards depuis un mois que ça dure ? Et croyez-vous n’avoir personne en face ?

ROXANE. Vous y êtes, marquis ; je ne crains plus rien. Je m’attache à vous, je ne vous quitte pas !

SAINT-GUELTAS, haussant les épaules. Comptez là-dessus ! Vous avez fait la sottise, vous la boirez. (Au