Page:Sand - Cadio.djvu/146

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LE COMTE. Raison de plus pour se hâter de la rejoindre. Écoutez ! Vous n’entendez pas de bruit ?

MACHEBALLE. Eh non ! la fusillade n’est pas commencée. Les oreilles vous cornent !

LE COMTE. Plaît-il ?

RABOISSON, bas. Ne répondez pas à ce manant.

SAINT-GUELTAS. Attendez ! voici deux de mes éclaireurs !… (Entrent deux Vendéens.) Eh bien ?

UN ÉCLAIREUR. On a poussé, Jean et moi, jusqu’à la ville. Elle n’est pas gardée et ne se méfie pas ; avec quatre hommes de plus, on aurait pris le faubourg.

SAINT-GUELTAS. En avant, alors !

RABOISSON. Un moment ! c’est bien grave, de se lancer sans avoir pu se réunir.

SAINT-GUELTAS. Oh ! si on s’attend les uns les autres, ce sera comme sur la route du Mans. N’espérons plus rien que de nous-mêmes.

LE CHEVALIER. Eh oui ! En avant, mordieu ! allons donc !

LE COMTE. Vous avez raison cette fois, chevalier. Le malheur doit avoir dissipé toutes nos illusions. Ayons l’audace du désespoir.

SAINT-GUELTAS. Oui, oui, faites avancer vos colonnes, monsieur le comte.

LE COMTE. Mes colonnes ? Ignorez-vous que je n’ai plus que cent vingt hommes, de neufs cents que je commandais encore hier ?

MACHEBALLE. Ah ! vous, tous vos gens désertent ! c’est la honte de l’armée !

LE COMTE, méprisant. Vous dites ?

SAINT-GUELTAS, à Mâcheballe. Tais-toi, brutal ! ce n’est pas le moment.

MACHEBALLE. Je me tairai, si je veux.