UN AUTRE. On l’a pris tous les cinq. Faudra partager.
LE PREMIER. C’est pas vrai, c’est moi le premier qui ai mis la main dessus.
MACHEBALLE, à Henri, pendant qu’ils se querellent sans ôter l’habit. Qui es-tu ?
HENRI. Vous voyez mon uniforme.
MACHEBALLE. Ton nom ?
HENRI. Vous ne le saurez pas.
MACHEBALLE. Où allais-tu ?
HENRI. Je ne compte pas vous le dire.
MACHEBALLE, aux Vendéens. Montez-le sur la butte. (À Henri que l’on attache à la croix.) On va te fusiller là.
HENRI. Je m’y attends bien.
MACHEBALLE. Mais avant on te coupera la langue et les poings.
HENRI. Vous n’en aurez peut-être pas le temps !
MACHEBALLE. V’là une parole malheureuse pour ta peau ! Les bleus te suivent ?
HENRI. Ils sont derrière moi.
LES VENDÉENS. Les bleus arrivent ? Égaillons-nous !
MACHEBALLE. Tuez d’abord ce chien-là !
UN VENDÉEN. Tue toi-même ; on n’a pas le temps. (Ils se sauvent.)
MACHEBALLE, à Henri. Alors, toi, à moins que tu ne parles vite… Voyons ! veux-tu sauver ta chienne de vie ?
HENRI. Non !
MACHEBALLE. C’est tant pis pour toi ! (Il a armé son pistolet et lève le bras pour tuer Henri à bout portant. — Un coup de feu part de derrière la calèche et lui casse le bras.) Ah ! malheur !… (Il tourne sur lui-même, éperdu. Un second coup de feu part ;