Page:Sand - Cadio.djvu/169

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CORNY. Quand on y sera, on verra ! on se cachera mieux… (souriant avec malice.) Et vous aurez la tabatière à bon compte !

REBEC. Et les deux dames ? Vous êtes sûr ?…

CORNY, montrant Louise, qui passe déguisée en paysanne pauvre et tirant une vache par la corde. Voyez ! la jeune se comporte bien. La v’là qui ramène nos vaches à l’étable. Dirait-on pas d’une vraie fille de ferme ? Et puis c’est doux, c’est raisonnable, ça s’arrange de tout ; mais la vieille… ah ! qu’elle est terrible ! Heureusement, nos garnisaires la prennent pour une ancienne fille de chambre qui fait ses embarras. Ça les fait rire, et ils ne veulent pas me vendre. On ne leur refuse pas la goutte, et ils viennent souvent se la faire offrir… Et puis les bleus, voyez-vous, c’est pas toujours ce qu’on croit ! Y en a bien qui mériteraient d’être blancs ! C’est comme vous, quoi ! on peut s’entendre.

REBEC. C’est ça, c’est ça, entendons-nous. Être bien avec tout le monde, c’est le plus sûr ; mais de la prudence, hein ?

CORNY. Soyez donc tranquille, on en a !

REBEC. Pourtant, hier, vous avez été inquiétés !

CORNY. Eh ! non, point du tout. Mes gars ont donné une fausse alerte, et on a fait coucher la vieille au moulin, pour lui donner une petite leçon de prudence, comme vous dites !

REBEC. Ah ! vous leur donnez comme ça des peurs ?…

CORNY. De temps en temps, faut ça. Sans ça, ces gens se perdraient… et nous avec !

REBEC, malin. Et puis, si on les mettait trop en confiance, ils ne comprendraient pas les obligations qu’ils vous ont, n’est-ce pas ?

CORNY. Dame ! on s’expose pour eux tout de