Page:Sand - Cadio.djvu/182

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LE DÉLÉGUÉ. Tu y étais donc ?

HENRI. J’y étais.

LE DÉLÉGUÉ. Qui a exécuté l’ordre de brûler Sauvières ?

HENRI. C’est moi.

LE DÉLÉGUÉ. Tu te nommes ?…

HENRI. Charles-Henri de Sauvières.

LE DÉLÉGUÉ. Parent du rebelle ?

HENRI. Son neveu.

LE DÉLÉGUÉ. Vous étiez ennemis avant la Révolution ?

HENRI. Non, monsieur. Je lui devais tout, et je chéris sa mémoire.

LE DÉLÉGUÉ. Belle action, alors ! Comment n’es-tu pas capitaine ?

HENRI. Je ne veux pas l’être, monsieur.

LE DÉLÉGUÉ. Pourquoi ? Tu es las de servir la République ?

HENRI. Non, monsieur. J’ai gagné mon épaulette en combattant l’étranger, je ne veux pas devoir un nouveau grade à la guerre civile. Si nous avons affaire ici aux Anglais, je serai fier de mériter mon avancement ; mais contre des Français égarés… non ! Je ne veux rien ! Je vous prie de vous le rappeler.

LE PREMIER SECRÉTAIRE. Ta réserve est sophistique : tu n’as pas voulu de récompense pour avoir brûlé le château de ton oncle ; dis cela tout bonnement.

HENRI, indigné. Qu’eussiez-vous fait à ma place ?

LE SECRÉTAIRE. J’eusse accepté avec orgueil !

HENRI, avec mépris. Eh bien, tant pis pour vous ! (Le secrétaire pâlit de colère. Le délégué lui fait signe de se contenir.)