Page:Sand - Cadio.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SECRÉTAIRE. Et le père Jacques ? Que signifient ces noms vagues et indéterminés ?

REBEC. Mon recensement n’était pas fini, citoyen. Le père Jacques est un vieux qui va en journée pour gagner sa vie.

LE SECRÉTAIRE. Est-il né dans la commune ?

REBEC. Mais je suppose…

LE SECRÉTAIRE. C’est-à-dire que tu n’en sais rien et ne t’en inquiètes pas ? (À Corny.) Où est né le père Jacques ?

CORNY. Dame ! comment le savoir ? Il est plus vieux que moi, je n’y étais point. C’était sur les registres de la paroisse, mais les bons républicains de la ville sont venus et les ont brûlés. Faut plus nous demander d’actes de naissance, à nous autres !

LE DÉLÉGUÉ, au secrétaire. Et, comme les Vendéens ont brûlé, de leur côté, les actes civils, les recherches deviennent impossibles dans le pays. Tout échappe ici à la légalité.

LE SECRÉTAIRE, bas. N’importe, j’ai des soupçons… (Il consulte le registre et ses notes. Haut, à Corny.) Et Françoise, que fait-elle ici ?

CORNY. Sauf votre respect, elle garde nos bêtes celle-là.

LE SECRÉTAIRE. D’où sort-elle ?

CORNY. Du pays d’Aunis. C’est une champie, une jeunesse.

LE SECRÉTAIRE, consultant la liste. Dix-huit ans ! Faites-la comparaître.

LE DÉLÉGUÉ, qui se tient toujours la tête et qui donne des signes d’impatience. À quoi diable t’amuses-tu là ? Vas-tu interroger tous ces pouilleux ?

LE SECRÉTAIRE, bas. La fille est la sœur du traître