Page:Sand - Cadio.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RABOISSON. Pauvre vieille folle ! nous ne pourrions cependant pas l’abandonner.

SAINT-GUELTAS. Merci ! tu en parles à ton aise ! on voit bien qu’elle n’est pas amoureuse de toi.

RABOISSON. Tirefeuille, qui nous a servi d’éclaireur, est sûr d’avoir reconnu Louise tantôt sous les habits d’une chevrière. Il faudrait, avant de nous montrer, savoir au juste où elle est. (À Tirefeuille à demi-voix.) Avance, et va écouter auprès de ces fenêtres. Justement, on les ouvre ! Glisse-toi contre le mur.

TIREFEUILLE. Tiens ! il faut croire qu’on fait des crêpes là dedans. Quelle flambée ! et la bonne odeur de graisse, Jésus-Dieu !

RABOISSON, à Saint-Gueltas. Mon cher marquis, un dernier mot avant d’agir. Je ne te laisserai pas éluder la question.

SAINT-GUELTAS, brusque et agité, regardant partout. Voyons, finissons-en ! tes scrupules sont absurdes.

RABOISSON. Ils sont obstinés. Tu ne songes qu’à emmener Louise, et, d’après toutes les dispositions que tu as prises, il est clair que tu veux l’emmener seule.

SAINT-GUELTAS. Il m’est aussi impossible d’emmener trois personnes, car le vieux imbécile la Tessonnière en est également, que de prendre la lune avec les dents. Louise est ma fiancée, elle s’est promise à moi…

RABOISSON. À la condition que tu sauverais son père.

SAINT-GUELTAS. J’avais fait pour lui le sacrifice de ma vie. On m’a emporté mourant, et il me semble qu’après trois mois de souffrance et de maladie, j’ai bien payé ma dette. (À Tirefeuille, qui revient.) Eh bien ?

TIREFEUILLE. J’ai écouté et regardé, elles ne sont pas là.