LE COMTE. Il est enfant lui-même : à vingt-deux ans !
ROXANE. Tant pis pour lui ! Louise, j’espère que vous n’épouserez jamais ce monsieur-là ?
LOUISE. Je n’ai jamais désiré l’épouser, ma tante, et, si mon père me laisse libre…
LE COMTE. Je ne te contraindrai jamais ; mais tu avais de l’amitié pour lui malgré vos petites querelles. Il était si bon pour toi… et pour tout le monde !
LOUISE. De l’amitié…, c’est fort bien. Je lui rendrai la mienne, s’il revient de ses erreurs ; mais faut-il se marier par amitié ?
MARIE. Vous ne dites pas ce que vous pensez !
LOUISE. Si fait ! À ce compte-là, pourquoi n’épouserais-je pas aussi bien M. de la Tessonnière ?
LA TESSONNIÈRE. Hein ? quoi ?
ROXANE. Rien ; continuez votre petit somme.
LA TESSONNIÈRE, montrant les cartes. Alors, la partie… ?
LOUISE. Un peu plus tard, mon ami.
LA TESSONNIÈRE, à Roxane. Et vous…, vous ne voulez pas… ?
ROXANE. Un peu plus tard, un peu plus tard ; c’est l’heure de votre promenade.
LA TESSONNIÈRE. Vous croyez ? Je n’aime guère à me promener seul ; les paysans ont des figures si singulières à présent…
LE COMTE. Singulières ? Pourquoi ?
LA TESSONNIÈRE. Oui, oui… ils deviennent très-méchants !
ROXANE. Allons donc, allons donc ! Allez-vous avoir peur, ici à présent ? Vous irez dans le jardin, là, près des fenêtres.
MARIE. J’irai avec vous !