Page:Sand - Cadio.djvu/246

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HENRI. La prisonnière ? (courant à la fenêtre.) Oui, j’entends !… Mais, grand Dieu, je la connais, cette chanson triste, je l’ai entendue autrefois à Sauvières. Et cette voix douce… je la connais aussi ! Cadio, Cadio ! c’est Marie Hoche qui est là !

CADIO. Tu en es sûr ? Moi, je ne sais pas. Il me semblait… Je n’osais le croire.

HENRI. Je la savais partie d’Angers, je la croyais en liberté. Il l’ont reprise, ou ils l’ont transférée ici. Depuis cinq mois peut-être ! Quel martyre ! Pauvre chère fille ! où est-elle ? comment se fait-il que nous l’entendions ? Il n’y a pas une seule fenêtre, pas une seule ouverture de ce côté de la prison.

CADIO. Elle est là, tout près, sur le haut de cette petite tourelle.

HENRI. Sur la plate-forme que nous cachent les créneaux ? Oui, sa voix part de là. Elle peut nous entendre, je veux lui parler.

CADIO. Ne le fais pas. Le charpentier est peut-être en bas…

HENRI. Non, il était sorti quand je suis entré.

CADIO. Attends, écoute ! on monte l’escalier, c’est lui… Quittons cette fenêtre, n’ayons pas l’air d’écouter : il a peur de tout ; il ferait mettre la prisonnière au cachot, s’il pensait que nous voulons la délivrer.

HENRI. La délivrer, hélas ! ce serait tenter l’impossible !




Scène II. — Les Mêmes, LE CHARPENTIER.


LE CHARPENTIER. Cachez-vous, cachez-moi ! tout est perdu, je suis un homme mort !

HENRI. Qu’est-ce qu’il y a donc ?