évasion,… si quelqu’un nous a vus sortir de la maison de ce charpentier…
HENRI. Personne n’a fait attention à nous : on était trop agité par la grande nouvelle. Nous avons fait assez de détours dans la ville pour dérouter les espions, s’il y en a eu pour nous suivre. Le cheval qu’on m’a prêté est bon, nous avons filé vite. Personne ne pouvait suivre à pied notre cabriolet, et il n’y avait aucune voiture, aucun cavalier derrière nous. Quand ce brave cheval aura un peu soufflé, je repars pour me montrer où l’on a l’habitude de me voir, et je reviens vous dire que tout va bien ; vous allez donc enfin goûter quelques jours, peut-être quelques semaines de repos et de bien-être !
MARIE. Mais de quoi vivrai-je ici ? Je ne trouverai aucun travail, et je ne puis être à votre charge.
HENRI. Vous y recevrez l’hospitalité fraternelle que viendra vous offrir le propriétaire de ce petit bien. C’est un officier de mon régiment, un excellent ami qui sera bien heureux d’assurer un asile à la cousine de Hoche.
MARIE. Mais puis-je accepter ?… Il n’est sûrement pas riche ?
HENRI. On est très-riche dans ce temps-ci quand on peut assister ceux qu’on aime, et il y a de la dignité à savoir accepter une telle assistance.
MARIE. Vous avez raison, Henri ! Et Cadio ?…
HENRI. Cadio demeurera à la ferme, et vous le verrez tous les jours.
MARIE. Et vous quelquefois ?
HENRI. Le plus souvent possible.
MARIE. Je vais donc être heureuse, moi ? C’est étonnant,