Page:Sand - Cadio.djvu/303

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JAVOTTE. S’il était fou, il ne serait pas devenu ce qu’il est.

REBEC. Bah ! il savait lire et écrire, et il y a une telle disette d’officiers ! Les chouans en ont tant tué ! ça fait de la place. Et puis on aura su qu’il avait tué Mâcheballe. Il fallait bien le récompenser.

JAVOTTE. Attendez ! on frappe à la petite porte. (Elle sort par la cuisine.)

REBEC. Drôle de chose que l’existence ! Ce Cadio avec son biniou… officier à présent, l’air fier,… le parler sec,… la tenue imposante, ma foi ! Eh bien, alors… pourquoi pas ? Ses intérêts sont les miens,… je lui dirai tout !




Scène VI. — HENRI, MOTUS, REBEC.


REBEC. Bon ! autre surprise ! M. Henri à présent ! On vous croyait sur le Rhin.

HENRI. J’en arrive ! Où est l’ami Cadio ?

REBEC. Il dort là, en vrai patriote, avec armes et bagages !

HENRI. Ça veut dire que les minutes de repos lui sont comptées ; ne le dérangeons pas. (À Rebec.) Laisse ici ce déjeuner, et ajoutes-y ce que tu pourras. J’attends un convive. Va-t’en fricasser n’importe quoi ; vite ! (Rebec sort. — À Motus.) Tu dis qu’il est capitaine ? Peste ! c’est bien, ça ! au bout d’un an de service !

MOTUS. Depuis un mois environ, mon colonel. Nommé à l’unanimité pour action d’éclat. — Beau militaire sous tous les rapports, adoré du soldat, encore qu’il soit un peu chien.

HENRI. Chien ?