Page:Sand - Cadio.djvu/332

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monde, puisque je m’y trouve à point pour répondre à votre éloquent plaidoyer contre moi. (Roxane et Louise se sont instinctivement réfugiées derrière Henri. Saint-Gueltas éclate de rire.) En vérité, monsieur le comte, ces dames vous font jouer, bien malgré vous, je le sais, un rôle très-comique ! Vous voilà constitué vengeur de l’innocence à bien bon marché !

HENRI. Je ne sais qui joue ici un rôle de comédie, monsieur. Si vous avez entendu ce qui s’est dit, vous savez que madame de la Rochebrûlée, loin de vous trahir, vous défend ; mais deux autres personnes, dont l’une est digne de mon respect, vous accusent, et je vous soupçonne sérieusement d’avoir manqué à vos devoirs envers ma parente. Je suis l’unique appui qui lui reste, et, qu’elle l’accepte ou non, je jure qu’elle l’aura… Justifiez-vous, ou rendez-moi raison de votre conduite.

LOUISE, à Saint-Gueltas. Ne répondez pas, monsieur, c’est à moi de parler. Je n’ai aucun reproche à vous faire ici. Je le déclare devant mon cousin, et, tout en le remerciant de l’intérêt qu’il m’accorde, je le prie de ne pas m’offrir une protection que je dois recevoir de vous seul.

SAINT-GUELTAS. En d’autres termes, ma chère amie, vous l’engagez à ne pas s’immiscer dans nos petites querelles de ménage ? Vous avez raison. Moi, je lui pardonne de tout mon cœur ce mouvement irréfléchi, mais généreux. C’est un noble caractère que le sien ! Nous nous connaissons depuis ce matin, et j’aurais grand regret de l’offenser. Dites-lui donc qu’après un accès de jalousie mal fondée, vous reconnaissez votre injustice et rentrez volontairement sous le toit conjugal.