Page:Sand - Cadio.djvu/353

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Courage, Cadio ! (Lui donnant les pistolets.) Tiens ! voilà des armes chargées, défends-moi, venge-moi !

CADIO, éperdu. Vous dites ?…

ROXANE. Oui, oui ! mort à Saint-Gueltas ! Nous allons vous aider. Ah ! Henri, mon pauvre enfant ! c’est nous qui sommes cause…

MOTUS, arrêtant la Korigane, qui veut s’élancer dehors. Minute, l’espionne ! on ne s’en va pas !

CADIO. La Korigane ? Laisse-la partir, nous serions forcés de la tuer.

MOTUS. Alors, filez, brimborion !

LA KORIGANE, reculant. Non ! Je ne ferai rien contre Cadio ! Laissez-moi ici ! (Motus assujettit les contrevents, qui, sont percés d’un cœur à jour sur chaque battant ; Henri et Cadio poussent le bahut et la table contre la porte de l’escalier. Les femmes travaillent à rassembler les armes et à les charger. Les hommes apportent des sacs de farine que Javotte leur a indiqués pour consolider la barricade et garnir le bas de la fenêtre jusqu’à la hauteur des jours.)

MOTUS, à Javotte, qui porte un sac. Courage, la belle fille ! Forte comme un garçon meunier !

HENRI, à sa tante. De grâce, emmenez Louise, allez dans l’autre chambre. Dès que nous tirerons, il entrera ici des balles. Si nous succombons, vous n’aurez rien à craindre des assaillants, vous, ce sont vos amis…

ROXANE. Nos amis, c’est toi, et c’est pour toi que nous allons prier. (Elle passe dans l’autre chambre avec Louise, qui revient bientôt et se tient sur le seuil. La Korigane, sombre et morne, s’est assise dans un coin, ne se mêlant de rien et comme étrangère à l’événement. Les préparatifs sont finis. On écoute. Un profond silence règne au dehors.)

HENRI, à Cadio. C’est étrange, l’ennemi aurait-il quitté la partie ?

CADIO, qui regarde par le trou du contrevent. Non, je vois