Page:Sand - Cadio.djvu/354

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là-bas les vestes rouges que leur ont apportées les Anglais. Ils s’arrêtent, ils se consultent. Ils n’osent pas s’engager entre les feux de nos refuges. Il ne savent pas que nous n’en avons qu’un et que nous y sommes seuls !

MOTUS. Ah ! les gueux ! nous tenir comme ça bloqués, quand on aurait fait d’ici une si belle charge de cavalerie, s’ils n’avaient pas coupé les jarrets de nos pauvres bêtes !

CADIO. Mais les cavaliers encore montés dont nous nous sommes trouvés séparés, comment ne se sont-ils pas repliés par ici ? L’ordre était donné…

MOTUS. Le lieutenant est jeune ; il aura perdu la tête, il aura mal entendu.

HENRI. Où peuvent-ils être ? Avec eux, rien ne serait perdu encore.

CADIO. Attention ! voilà l’ennemi qui se décide.

HENRI. Saint-Gueltas est à leur tête ?

CADIO. Je ne le vois pas. Le lâche n’ose pas se montrer.

LA KORIGANE. Saint-Gueltas est prisonnier des chouans. Ils ne veulent ni paix, ni trêve, ni affaires d’honneur en dehors de leurs intérêts.

CADIO. Qui donc les a avertis ?

LA KORIGANE. C’est moi.

CADIO. C’est toi qui as fait massacrer la moitié de mes braves soldats ? Ah ! maudite, je te reconnais là.

LA KORIGANE. Je ne croyais pas qu’ils vous attaqueraient. Ils ne le voulaient pas ; quand ils ont vu que vous étiez si peu…

HENRI, qui regarde par le contrevent. Un parlementaire, attendez ! (Il le couche en joue.) Parlez d’où vous êtes, n’approchez pas.