Page:Sand - Cadio.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HENRI. Et ils abandonnent l’assaut de la porte ! Que veulent-ils faire ?

CADIO. Ils reviennent avec des échelles ! Ils croient donc que nous n’avons plus de balles ?

HENRI. Laissons-les monter un peu.

MOTUS. Oui, les voilà sous la fenêtre. Ils appliquent l’échelle… Rendons-leur les pierres qu’ils nous ont envoyées. Tenez, chiens maudits, reprenez vos présens !

CADIO. Dix sur l’échelle ! Voilà le moment. À toi, Motus, pousse ! moi, je tire sur ceux qui la tiennent. (Henri et Motus poussent de côté l’échelle, qui tombe avec ceux qu’elle porte. Malédictions et rugissemens des chouans.) Les voilà qui se décident enfin à mettre le feu. Tant mieux ! les gens du village, qui se cachent, vont tomber sur eux pour défendre leurs maisons.

MOTUS. Ils n’oseront pas, mon capitaine ! Sans te contredire, on pourrait bien nous enfumer ici comme des jambons de Mayence. Je crois, sauf ta permission, que ce serait le moment de faire une belle sortie et de les sabrer comme qui fauche.

HENRI. Oui, à cause des femmes, il ne faut pas braver l’incendie. Sortons par la cuisine ;… ces dames auront le temps de se faire reconnaître pendant qu’ils abattront la barricade.

LOUISE. Ne pensez pas à nous, fuyez !

CADIO. Moi ? Non pas ! je vais faire le tour de la maison et les sabrer par derrière. Si tous mes hommes sont morts, il faut que je meure ici !

HENRI. Sois tranquille, tu ne mourras pas seul !

MOTUS. Non, fichtre ! j’en suis pareillement à mes supérieurs ! (Ils se serrent tous trois la main précipitamment et vont à la cuisine.)